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Rubrique : internautes / le droit pour tous
Mots clés : piratage, contrefaçon
Citation : Lionel THOUMYRE, "La rançon des pirates", Juriscom.net, octobre 1997
Première publication : Planète Internet, n°23, octobre 1997, p. 34


La rançon des pirates

Les sites consacrés au partage de logiciels prolifèrent sur le Net... Il s’agit de reconnaître le bon grain de l’ivraie, car tout n’est pas gratuit !

Lionel Thoumyre


Besoin de photoshop 4.0 ou de la dernière version de Claris Homepage ? Warez, Gamez, Appz... Sans pudeur, des centaines de sites proposent gratuitement les dernières versions des softs les plus demandés. D'autres encore n’hésitent pas à divulguer les précieux numéros de série nécessaires à l’installation des logiciels d’application. L'information ou le logiciel sont sur le web, il suffit de se servir ! Mais une telle attitude est-elle vraiment recommandable ?

Le piratage n'est guère toléré, ce n'est un secret pour personne. La reproduction et la distribution, même gratuite, d'un logiciel protégé est un délit de contrefaçon. En témoigne le verdict du Tribunal de commerce de Paris rendu le 3 mars dernier. Il s’agissait de la première affaire traitant de la contrefaçon de logiciels sur l'Internet. En toute innocence, la société Acces et Solutions Internet (ASI) proposait paisiblement des copies du soft PC Tap à partir de son site FTP. Mais très vite la toile s'est resserrée. Dénoncé par l'Agence pour la Protection des Programme auprès des ayants droit, l'ASI devait répondre de ses actes devant le Tribunal. La société demanderesse, l'Ordinateur Express, n’eut aucune difficulté à obtenir gain de cause. Encore une fois, le cyberespace ne fait pas exception aux règles des droits d’auteurs. Toutefois, le juge a voulu tenir compte des caractéristiques du réseau. Seuls l'affichage de la condamnation sur la page d'accueil du serveur et la création d'un lien vers le site de l'Agence pour la protection des programmes ont été exigés. Car, si nul n'est censé ignoré la loi, encore faut-il que les Internautes puissent être éclairés sur la manière dont celle-ci s’applique dans le cyberespace. L’aspect didactique du jugement l’emporte sur son caractère punitif. Pour autant, n'ayant pas été instruite au pénal, l’affaire révèle peu le potentiel de l'arme légale. Assignés devant les tribunaux répressifs, les "hackers" sont passibles de deux ans de prison et d'une amende pouvant aller jusqu'à un million de francs, pas moins !

De l'autre côté du miroir, les utilisateurs des copies litigieuses ne restent pas non plus hors d'atteinte. En effet, aux termes de de la loi de 1994, le chargement, le stockage ou l'exécution d'un logiciel ne peut se faire sans l'accord de son auteur. Sans licence, le simple usage du logiciel constitue en lui-même un acte de contrefaçon. Au regard des peines encourues, les copies disponibles sur le réseau perdent soudainement leur caractère de "gratuité". Tout va bien tant que l'on ne se fait pas prendre. Précisons cependant qu'un téléchargement sur l'Internet laisse plus de traces qu'on ne l'imagine et que les agents de l’APP sillonnent le Net.

Mieux vaut se contenter des multiples logiciels disponibles en libres copie sur la toile. Freewares et sharewares peuvent être acquis et utilisés en toute bonne conscience et surtout sans danger (à condition toutefois de respecter les termes de la licence). La reproduction et la transmission à titre gratuit des freewares sont même encouragées par leurs auteurs.

L.T.

Liens :

Code de la propriété intellectuelle

Ordonnance du 3 mars 1997

 

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