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Rubrique : internautes / le droit pour tous
Mots clés : nom,domaine, marque, ville
Citation : Lionel THOUMYRE, "L'affaire St-Tropez", Juriscom.net, décembre 1997
Première publication : Planète Internet, n°25, décembre 1997-janvier 1998, p.42


L'affaire St-Tropez

Une société invoque la dimension internationale de l’Internet pour disposer librement de la marque " Saint-Tropez ". Mais l’esprit libertaire du réseau doit s’adapter aux réalités juridiques.

  Lionel Thoumyre


L’enregistrement d’un nom de domaine auprès de l’InterNIC pour identifier un site hébergé aux Etats-Unis ne suffit pas à contourner le droit des marques français. La société Eurovirtuel l’a appris à ses dépens à la suite d’un jugement rendu par le Tribunal de grande instance de Draguignan le 21 août 1997. La commune de Saint-Tropez avait confié l’élaboration et l’exploitation commerciale de son site Internet au prestataire Nova Développement. Ce dernier eût momentanément recours aux services d’Eurovirtuel, société niçoise spécialisée dans la conception de sites web. Dès la mise en ligne du site officiel de la ville à l’adresse "www.nova.fr/saint-tropez", la commune constate avec stupeur l’existence d’un serveur concurrent identifié par le nom de domaine "saint-tropez.com" et exploité par... Eurovirtuel ! Or, la marque Saint-Tropez, déposée par la mairie auprès de l’INPI, ne peut être utilisée sans l’accord du Conseil municipal. 

De son côté, Olivier Le Quellec, l’un des dirigeants de Nova Développement, s’insurge contre de telles pratiques : " le réseau a besoin de la confiance des hommes d’affaires... le commerce électronique ne se développera que dans la mesure où l’on respectera enfin le droit des marques ".

Pour sa défense, Eurovirtuel prétend pouvoir disposer librement de la marque à partir des Etats-Unis, celle-ci ne bénéficiant que d’une protection nationale. Mais selon l’avocat de la commune, Maître Varaut, " peu importe que le site soit enregistré et hébergé aux Etats-Unis, il s’agit avant tout d’une affaire franco-française ". Le litige oppose des personnes morales françaises autour d’intérêts français, " il est donc naturel de faire jouer la protection nationale ". Le raisonnement des plaignants a été confirmé par le Tribunal de Draguignan au motif que la marque contrefaite pouvait être perçue " dans une sphère territoriale soumise à la loi nationale ". Condamnée pour contrefaçon et détournement de clientèle, la société. Eurovirtuel a fait appel du jugement. Elle avait déjà pris soin de déposer la marque Saint-Tropez aux Etats-Unis avant le premier jugement. Le nom de domaine "saint-tropez.com" a maintenant été cédé à une société de droit américain. Néanmoins, la partie adverse pense que les juges reconnaîtront l’aspect frauduleux de ce nouveau montage. Par ailleurs, une action en diffamation serait engagée contre la société Eurovituel pour la diffusion de messages mettant en cause l’intégrité des élus de la commune.

L.T.

Liens :

Jugement du TGI de Draguignan

Site de l’INPI

 

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