Attention : en raison de l'évolution rapide des nouveaux moyens
de paiement, nous invitons les lecteurs à actualiser les informations délivrées au sein
de ce dossier en se référant aux sites des sociétés mentionnées.
Introduction
Cybercommerce
Acquérir la confiance
I. Les impératifs du télépaiement
L'internationalisation des échanges
L'environnement informatique
La protection des intérêts des acteurs
1. Sécurité
2. Anonymat
3. Confort d'utilisation
Le développement des services télématiques
II. Les nouveaux moyens de paiement sur
Internet
A. L'adaptation des moyens de paiement usuels
1. Les moyens permettant l'utilisation d'une carte de
crédit
a. CyberCash
b. First virtual
c. Kleline
d. Le protocole SET
2. Les chèques électroniques
a. Le projet FSTC
b. NetChex
B. Porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuel
1. Le porte-monnaie électronique
2. Le porte-monnaie virtuel
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Cybercommerce
De manière générale la notion de commerce électronique
sapplique " à tout échange de données par lintermédiaire
dun réseau de télécommunication à des fins commerciales. " (1)
Le chiffre daffaire mondial du commerce électronique
atteindrait les 350 milliards de dollars en 2002, contre 7 milliards en 1998 (2).
Une telle augmentation serait-elle liée à celle du nombre de connectés à
lInternet qui, si lon en croit les rapports de statistiques du Matrix
Information Directory Services, devrait passer de 57 millions en 1997 à 337 millions
à la fin du millénaire (3) ?
Cest peu probable, car les services de vente sur Internet
se heurtent encore à de nombreuses difficultés. La plupart dentre eux ne
génèrent que trop peu de bénéfices pour rentabiliser leurs investissements. Aux
Etats-Unis, moins dun tiers des sites commerciaux déclarent obtenir un résultat
satisfaisant (4). La situation française est bien pire : les
entreprises présentes sur lInternet ne proposent que très rarement des services de
transaction en ligne. Le Minitel conserve toujours la plus grosse part du gâteau. Les
entreprises clientes du réseau télématique de France Télécom ont généré 2,6
milliards de francs de chiffre daffaire en 1997 (soit plus de 500 millions de
dollars) (5) ! Il convient de préciser que le Minitel a su offrir
des systèmes de paiement simples et sécurisés (au travers de la facture téléphonique)
ayant gagné la confiance de milliers de professionnels et de consommateurs. Dès lors, il
est peut-être devenu bien difficile pour les entreprises de lhexagone
déchapper au carcan du Minitel.
Acquérir la confiance
Justement, le manque de confiance dans la sécurité des
transactions électroniques est sans doute la cause principale des difficultés
rencontrées par les entreprises investies dans la vente en ligne. Encore largement
utilisé, le paiement au moyen du numéro de série de la carte de crédit inquiète les
consommateurs pour trois raisons majeures liées :
- au risque de piratage,
- à limpossibilité de sassurer de lidentité des parties,
- au doute subsistant quant à la contestation dun ordre de virement.
Ainsi, aux côtés des moyens de paiement classiques, il
sagit de proposer aux professionnels, comme aux consommateurs, de nouveaux
procédés (II) répondant à des impératifs précis (I).
I. Les impératifs du télépaiement
Nous identifierons les principaux objectifs que doivent remplire
les moyens de paiement en ligne au regard des facteurs suivants (6) :
Linternationalisation
des échanges
Le premier impératif lié à linternationalisation des
échanges découle dune évidence incontournable. Une prestation proposée à partir
dun site géré sur le continent américain doit pouvoir accepter une demande
européenne à toute heure du jour ou de la nuit. La mise en place dun
traitement automatique des modes de paiement sur un seul et même réseau répondra ainsi
aux exigences de rapidité et de fluidité du commerce électronique. Dès lors, la
pratique consistant en lenvoie dun numéro de carte de crédit par fax est à
proscrire.
En outre, les systèmes de télépaiement devront prévoir
lutilisation dune pluralité de devises. Néanmoins, le problème ne se posera
que pour les porte-monnaie électroniques. La création dunités de paiement
spécifiques, permettant de procéder à des échanges de valeurs sans dépendre
dune devise particulière, semble être une alternative satisfaisante (voir infra).
Lenvironnement
informatique
Lenvironnement informatique implique la mise en place
dun système compatible avec lensemble des plates-formes dopération des
commerçants.
Mais les principales difficultés sidentifient au regard
de laccident technique. La panne ou la détérioration dun support
informatique entraîne avec elle la perte des unités de paiements. Le risque existe tant
pour les particuliers que pour les commerçants. Néanmoins, dès lors que les unités de
paiement auront été individuellement identifiées par lémetteur ou le
gestionnaire de fond, il serait possible denvisager une déclaration de perte,
entraînant lannulation des unités non utilisées et leur remplacement consécutif.
Malheureusement, en voulant privilégier lanonymat des utilisateurs, certains
systèmes ne permettront ni le remplacement ni le remboursement des unités de paiement.
Quand bien même lidentification serait envisageable, le pire des scénarios serait
alors que laccident technique survienne dans les systèmes de lémetteur.
La protection des intérêts
des acteurs
1. Sécurité
Pour éviter les risques de fraude liés aux modes de paiement
par transfert de fond, les nouveaux procédés devront promouvoir léchange
sécurisé des transactions électroniques. Le recours à la signature électronique et à
la certification par le biais des techniques de cryptographie permettra notamment :
1.- au vendeur : de vérifier la qualité de
lutilisateur en tant que propriétaire du compte à débiter,
2.- au client : dune part, didentifier le
vendeur et, dautre part, dêtre assuré que ses identifiants bancaires ne
peuvent être utilisés par une tierce personne.
3.- à lensemble des acteurs : de garantir
lintégrité des données transmises.
Notons également que les règles bancaires soumettent
généralement la validité de lautorisation dun prélèvement dargent
à la signature du titulaire du compte. Le recours au système de signature électronique
pourrait satisfaire à cet impératif juridique (7).
2. Anonymat
Pour des raisons de discrétion, les consommateurs ne désirent
pas quun organisme ou quun commerçant puisse accéder à leur identité ou
retracer lensemble de leurs paiements. Il sagira de faire en sorte que les
transactions effectuées au moyen dunité de paiement électroniques répondent aux
caractéristiques de la monnaie fiduciaire, dont lutilisation demeure anonyme.
3. Confort dutilisation
Nous ne pouvons omettre de mentionner cet impératif tant il est
vrai que le succès de tel ou tel système dépendra du confort dutilisation offert.
Le mode de paiement envisagé ne doit ni relever dune trop grande complexité pour
les acteurs, ni entraîner des frais de mise en place dissuasifs. Les systèmes se
rapprochant des modes de paiements usuels auront peut-être plus de chance de
simposer sur le marché.
Le développement des
services télématiques
La simplicité daccès aux services télématiques
payants, ainsi que leur survivance, exige un mode de rémunération engageant de petites
unités de paiement. Ainsi doit-on favoriser lémergence des systèmes permettant de
dépenser de faibles sommes dargent pour le règlement ponctuel des services
daccès à linformation en ligne.
Pour le cas particulier de la France, lenjeu consiste à
offrir une alternative attractive au kiosque Minitel, adapté dès lorigine au
paiement de services en ligne. Dans ce cadre, France Télécom assume le recouvrement du
prix de la prestation en le faisant figurer sur la facture de téléphone de
labonné. Lopérateur redistribue ensuite ce qui revient à chacun des
exploitants télématiques.
LInternet nétant soumis à aucune autorité
centralisée, ce système na pas lieu dêtre sur le réseau des réseaux.
Nous analyserons maintenant les principaux systèmes de
télépaiement proposés sur le marché à la lumière des impératifs décrits ci-dessus
(8).
II. Les nouveaux moyens de paiement sur
lInternet
La monnaie électronique sentend des " diverses
techniques qui assurent linformatisation des moyens de paiement et les détachent
ainsi du support papier " (9). La plupart des moyens de
paiement proposés se conforment à cette définition. Nous les distinguerons selon
quils consistent en ladaptation dun moyen de paiement usuel (carte de
crédit, chèque), ou quils résident dans le stockage dunités de valeur
(porte-monnaie électronique ou porte-monnaie virtuel). Désormais classiques, nous
n'aborderons pas ici les méthodes SSL permettant de manière générale la sécurisation
des données transactionnelles.
A. Ladaptation des moyens de
paiement usuels
L'adaptation des moyens usuels implique lintervention
dun intermédiaire assurant les procédures de paiements entre lensemble des
acteurs du commerce électronique. Nous remarquerons que cet intermédiaire proposera
toujours de répondre à limpératif de sécurité décrit ci-dessus.
1. Les moyens permettant lutilisation
dune carte de crédit
a. CyberCash
Le système proposé par CyberCash
permet de remplir limpératif de sécurité en ayant recours au procédé de la
signature électronique. Le parcours est le suivant : afin de sacquitter de son
obligation de paiement, le client doit inscrire son numéro de carte de crédit et apposer
sa signature électronique, composée à laide dun logiciel fourni par
CyberCash, sur la facture du commerçant. Celle-ci sera alors retournée au commerçant,
qui y ajoutera les mentions relatives à lopération de vente ainsi que sa propre
signature. A son tour, le commerçant la transmettra au serveur de CyberCash. Après
sêtre assuré que les parties se sont bien entendues sur les mêmes prestations,
CyberCash envoie lensemble des informations à une banque qui naura plus
quà effectuer le transfert de fond. Un relevé de lopération sera ensuite
transmis à CyberCash qui redistribuera un reçu à lattention des cocontractants.
Ce système répond à limpératif de sécurité. Il
requiert néanmoins lacquisition dun logiciel spécifique.
b. First virtual
Lutilisation du système proposé par First Virtual
nécessite lenregistrement préalable du client et du commerçant auprès de ses
services. Le client doit communiquer les coordonnées de sa carte de crédit par
téléphone. Il reçoit alors un numéro didentification personnel par courriel
quil communiquera au commerçant affilié pour effectuer ses achats. Le commerçant
devra alors transmettre à First Virtual les mentions relatives à lopération de
vente, le NIP du client ainsi que son propre NIP. Contrairement à CyberCash, First
Virtual fera participer le client en lui demandant confirmation de lopération par
courriel. La confirmation étant effectuée, First Virtual envoie les informations sur les
réseaux bancaires traditionnels, au travers desquels le transfert de fond
seffectuera du compte du client vers celui de First Virtual. First Virtual na
plus quà payer le commerçant et à lavertir du succès de lopération
pour que ce dernier puisse exécuter son obligation.
Un tel procédé figure parmi les plus simples car il
nutilise aucun logiciel spécifique, ni aucune technologie de cryptage. Il améliore
également le système de la carte de crédit en permettant le règlement de petites
sommes dargent. En effet, First Virtual assure une avance financière jusquà
concurrence de 10$ avant de se faire payer par la banque du consommateur. Enfin, ce
système empêche toute divulgation du numéro de la carte de crédit du client.
Néanmoins, First Virtual ne répond pas aux impératifs liés
à linternationalisation des échanges, puisquil nécessite laffiliation
à une banque américaine. Limpératif de lanonymat ne sera pas non plus
satisfait dès lors que First Virtual tient à jour une base de données détaillées
retraçant lensemble des transactions effectuées.
Cest certainement pour lensemble de ces raisons que
le système vient de fermer ses protes
Cest donc un exemple à ne pas suivre.
c. Kleline
Ici, le client doit à nouveau senregistrer auprès
dun intermédiaire, Kleline, qui lui fournit un
numéro didentification en échange de ses coordonnées bancaires. Il lui faudra
également posséder un logiciel, appelé " Kleboxe ", permettant de
sécuriser les transactions par des procédés cryptographiques. Le schéma est le
suivant : le client envoie sa commande au commerçant qui envoie alors un ticket de
paiement électronique à Kleline. La société authentifie le marchand et transmet le
ticket au client. Dès que le client aura accepté le ticket, Kleline validera la
transaction et émettra un bon de caisse auprès du commerçant.
Du côté des commerçants, ce système ne respectait ni
limpératif lié à linternationalisation des échanges, ni limpératif
de simplicité. En effet, il nétait ouvert quaux seuls commerçants
français, et nécessitait la mise en place dun réseau EDI entre laffilié et
la société Kleline. Tel quel, le système n'aurait pas pu simposer comme standard
international.
Le procédé présentait toutefois lavantage de rester
ouvert aux consommateurs étrangers, la Kleboxe permettant d'effectuer des achats en
plusieurs devises.
Depuis, la société Kleline a amélioré la qualité et la
souplesse de ses services. Elle offre désormais ses produits aux commerçants étrangers.
En outre, la mise en place d'un réseau EDI est devenue facultative. Dans une interview
effectuée pour Juriscom.net, Karlos Martins de
Kleline SA tient à préciser que la méthode de l'EDI "n'est pas
nécessaire mais conseillée par Kleline". Il ajoute qu' "elle
simplifie beaucoup les échanges entre le commerçant et Kleline, mais il est vrai qu'il
faut être équipé d'un traducteur EDI, ce qui n'est pas toujours le cas. Kleline utilise
alors l'envoi, papier ou disquette, d'un document contenant les données comptables."
Pour toute information complémentaire sur l'évolution et
l'utilisation de ce service, nous recommandons aux lecteurs de se renseigner directement auprès de la
société Kleline.
d. Le potocole SET
Le protocole SET
(Secure Electronic Transaction Protocol) combine les caractéristiques des protocoles STT
(Secure Transaction Technology) et SEPP (Secure Electronic Payment Protocol) élaborés
par des firmes renommées : Visa, MasterCard, Microsoft et Netscape pour ne citer
queux. Parfaitement lié à lutilisation de la carte de crédit sur le
réseau, ce système se propose de répondre à lensemble des impératifs de
sécurité. Par la mise en uvre dune technologie de cryptographie à clés
symétriques et asymétriques, il garantit la confidentialité et lintégrité des
informations relatives au paiement sur lInternet. Le recours au système de
signatures électroniques doublé dune procédure de certification permet
dassurer, dune part que lutilisateur de la carte et le titulaire
légitime sont bien la même personne et dautre part, que le commerçant est bien
enregistré auprès des organismes de carte de crédit (10). En
définitive, le protocole SET prétend initier un système de compatibilité uniforme sur
le réseau pour sinstaurer comme standard de télépaiement. Nous remarquerons au
passage que le protocole a déjà été adopté par la société CyberCash pour
lacheminement de lensemble des données échangées entre les différents
acteurs en présence (11). Le protocole doit également être intégré
au sein des logiciels conçus par Microsoft et Netscape. Enfin, le protocole SET sert de
base à larchitecture dun nouveau système de télépaiement
" C-SET ", notamment adopté en France par le groupement Carte
Bancaire. Les procédures didentification, dauthentification,
dintégrité et darchivage seffectueront au niveau de la puce
électronique que comporte les cartes bancaires françaises. Aucune information
confidentielle ne transite par le réseau. Mais un tel système requiert lachat
dun " lecteur de carte " destiné à accomplir lensemble
de ces procédures hors réseau. Reste à savoir si les consommateurs laccueilleront
favorablement.
2. Les chèques électroniques
a. Le projet Financial Services Technology Consortium (FSTC)
Elaboré sur la base dun outil financier largement
diffusé et reconnu, le chèque FSTC
sapparente parfaitement à son homologue papier. Le client disposera ainsi dun
livret de chèques électroniques. Les chèques FSTC pourront être délivrés au travers
dun site web ou attachés au courrier électronique. La signature manuelle sera
remplacée par la signature électronique, que beaucoup considèrent comme étant plus
fiable. Limpératif de sécurité serait ainsi satisfait. Facile dutilisation,
ce système devrait rencontrer un certain succès.
b. NetChex
De son côté, le système NetChex
fait intervenir un intermédiaire auprès duquel lutilisateur et le commerçant
devront senregistrer. NetChex permet au client de générer ses propres chèques sur
son ordinateur personnel. Avant toute transaction sur Internet, le système de sécurité
de NetChex remplace les informations confidentielles du compte du client par un compte
factice (shadow account) permettant lidentification du consommateur en
amont. Le chèque électronique est ensuite transmis par Internet au système NetChex qui
vérifie l'authenticité du chèque électronique à travers sa base de données des
membres. A ce stade, le compte factice est remplacé par les informations véritables
concernant le compte du consommateur et du marchand. La transaction est ensuite
transférée, par réseau privé, au système bancaire. Les règles bancaires
traditionnelles seront appliquées pour effectuer le transfert de fonds comme sil
s'agissait d'un chèque de papier. En fin de course, le consommateur reçoit une
confirmation de transaction par courrier électronique comportant le numéro du chèque et
le montant de la transaction (12).
Alors que le projet FSTC sapparente plus à une
transposition sur Internet du moyen de paiement par chèques traditionnels, NetChex
propose une véritable adaptation du chèque au réseau.
B. Porte-monnaie électronique et
porte-monnaie virtuel
Ces modes de paiement relèvent dune philosophie
différente. Ils envisagent la mise à disposition dune somme dargent
prépayée sur une carte à puce ou sur le disque dur des acteurs. En permettant la
dépense de faibles montants, ils répondront toujours à limpératif lié au
développement des services télématiques.
1. Le porte-monnaie électronique
Le porte-monnaie électronique consiste en une carte de paiement
prépayée, cest à dire sur laquelle une certaine somme dargent a été
chargée, permettant le règlement dune multitude de services. Une réserve
financière sera donc " stockée " sur le microprocesseur de la carte.
Rappelons quun programme européen est consacré à la recherche sur le
porte-monnaie électronique. Il sagit du programme CAFE (Conditional Access For
Europe), ayant élaboré un projet de porte-monnaie permettant dassurer
lanonymat des opérations, les transactions transfrontières, ainsi quune
protection en cas de perte ou de vol.
De son côté, la société Mondex
prétend fournir léquivalent électronique de la monnaie papier au travers
dune carte à puce pouvant contenir jusquà cinq devises différentes.
Délivrée par les banques, la carte Mondex est liée à un compte bancaire. Le principal
avantage du système est de permettre aux individus de séchanger directement de
largent électronique entre leurs cartes. Chaque utilisation génère une signature
électronique unique permettant dauthentifier les cartes Mondex (13).
Ainsi, le porte-monnaie électronique respecte de nombreux
impératifs : internationalisation, sécurité, anonymat et développement des
services télématiques. Mais le processus dauthentification aura lieu à partir
dun lecteur de carte à puce dont lutilisateur devra faire lacquisition.
Notons toutefois que les cartes à puce présentent également lavantage
deffectuer des transactions hors ligne.
2. Le porte-monnaie virtuel
Du support carte à puce, lon passe à nouveau au support
disque dur. Nous prendrons ici lexemple du système DigiCash (notons l'existence d'un système concurent
nommé Millicent). Ce dernier implique
lenregistrement préalable des commerçants et des clients auprès de la société
DigiCash. Il permet au consommateur de retirer des unités de monnaie (Ecash) de son
institution financière et de les stocker sur le disque dur de son ordinateur personnel
dans un logiciel spécifique (Cyberwallet). Les retraits son effectués à laide
dun numéro didentification personnel. La constitution des unités de paiement
présente un caractère original en ayant recours à la technique des signatures
" aveugles ". Un algorithme présent dans le logiciel du consommateur
permet de générer une centaine de numéros représentant la matière première des
unités de valeur. Le client les envoie alors à sa banque qui les validera en y ajoutant
une suite de nombre. Lensemble détermine une somme précise que la banque retire du
compte du consommateur avant de lui retourner les unités de paiement. Ce procédé ne
permet pas à la banque didentifier les unités quelle a validées. Lorsque le
consommateur utilise lEcash pour effectuer un paiement, le commerçant demande à la
banque den vérifier la validité. La banque na plus qua reconnaître sa
signature apposée sur chacune des unités de paiement. Mais, grâce au procédé décrit
ci-dessus, elle ne pourra pas identifier leur provenance. Ainsi le consommateur utilise
lEcash comme sil sagissait de monnaie papier, cest à dire de
façon anonyme au regard de linstitution bancaire. Par la suite, le commerçant
pourra demander la conversion de lEcash en argent ou bien déposer lEcash sur
son propre compte. A linstar du procédé Mondex, ce système permet
deffectuer des transferts de monnaie électronique dune personne à
lautre.
Là encore de nombreux impératifs sont respectés. Mais un tel
système implique que la banque du consommateur accepte deffectuer la conversion
entre lEcash et largent. En outre, lexistence de la monnaie virtuelle
reste soumise à la stabilité des systèmes informatiques que lon sait capricieuse.
Limpératif lié à lenvironnement informatique sera difficilement respecté.
Conclusion
La multiplication et la diversité des systèmes de
paiement peuvent prêter à confusion. Dautant plus que les sociétés favorisant
lutilisation des cartes de crédit sinvestissent également dans la
constitution de monnaie électronique (14). Au regard des qualités
intrinsèques de chacun des moyens de paiement étudiés, leur coexistence demeure malgré
tout envisageable. Mais peut-être nest elle pas souhaitable. La fragilité des
sites commerciaux appelle sans nul doute une plus grande cohérence des systèmes de
paiement. Enfin, lévolution du télépaiement sur lInternet dépendra en
partie de la résolution des problèmes juridiques latents ayant trait principalement à
latteinte au monopole bancaire, à lirrévocabilité, au risque et à la
preuve du paiement (15).
L. T.
Bibliographie
- Olivier Bruzek, " Pas facile de gagner sa vie ", Le Point,
17 octobre 1998, pp. 164-166.
- M. Cabrillac, Monétique et droit du paiement, Mélanges de Juglart, LGDJ
1986.
- Lionel Costes, " transactions en ligne, paiement électronique, galerie
marchandes virtuelles
", Bulletin dactualité du Lamy droit de
linformatique, novembre 1997, pp. 1-6.
- James Gleick, " Dead as a Dollar ", The New York Times
Magazine, June 16, 1996, section 6, P. 26
- Jérôme Huet, " Aspect juridiques du commerce électronique :
approche internationale ", Petites Affiches, 26 septembre 1997, pp. 6-18.
- Stéphane Lefer, " Sécurité et confiance : maîtres mots du
commerce électronique ", Bulletin dactualité du Lamy droit de
linformatique, janvier 1998, pp. 1-3.
- Steven Levy, " E-Money (Thats Want I Want) ", 4.04 Wired,
p. 174.
- Valérie Sédallian, Droit de lInternet, Collection AUI, Ed.
Netpress, Paris, 1997, pp. 219-232.
- Pierre Trudel (dir.), France Abran, Karim Benyekhlef, et Sophie Hein, Droit du
cyberespace, Les Editions Thémis, 1997, Chapitre 19.
- SET Secure Electronic Transaction Specification, Book 1: Business Description,
Version 1.0, May 31, 1997.
- Rapport du CNCT, " Problèmes juridiques liés à la
dématérialisation des moyens de paiement et de titres ", Bulletin
dactualité du Lamy droit de linformatique, novembre 1997, pp. 15-16.
Notes
1. Lionel Costes, " transactions en ligne,
paiement électronique, galerie marchandes virtuelles
", Bulletin
dactualité du Lamy droit de linformatique, novembre 1997.
2. voir http://www.biozone.org/juriscom/archives/informations/juin98.htm#international
(source AFP). Ces données tiennent compte notamment du chiffre daffaire généré
au travers de lEDI .
3. Mark Hodges, Is web Business Good Business ?, http://www.web.mit.edu/afs/athena/org/techreview/www/articles/as97/hodges.html.
4. idem.
5. Olivier Bruzek, " Pas facile de gagner sa vie ",
Le Point, 17 octobre 1998, pp. 164-166.
6. voir Pierre Trudel (dir.), France Abran, Karim Benyekhlef, et
Sophie Hein, Droit du cyberespace, Les Editions Thémis, 1997, Chapitre 19 ;
Felix Stalder, Andrew Clement, Electronic Money : Preparing the Stage, June
1997 ; Jérôme Huet, " Aspect juridiques du commerce électronique :
approche internationale ", Petites Affiches, 26 septembre 1997 ;
Lionel Costes, " transactions en ligne, paiement électronique, galerie
marchandes virtuelles
",Op. Cit.; Stéphane Lefer, " Sécurité
et confiance : maîtres mots du commerce électronique ", Bulletin
dactualité du Lamy droit de linformatique, janvier 1998.
7. Pour une reconnaissance juridique de la signature électronique dans
le cadre de lUnion Européenne voir notamment Alexandre Menais, La reconnaissance
juridique de la signature électronique, Juriscom.net, Septembre 1998, http://www.juriscom.net/espace2/signelec.html.
8. Notons que certains auteurs ont pu dégager un ensemble de critères
danalyse destinés à évaluer la perspicacité des moyens de paiements de ligne.
Voir par exemple Pierre Trudel (dir.), France Abran, Karim Benyekhlef, et Sophie
Hein, Droit du cyberespace, Op. Cit. et Felix Stalder, Andrew Clement, Electronic
Money : Preparing the Stage, Op. Cit. Ces critères sont
généralement identifiés sous les qualificatifs suivants : flexibilité, facilité
dusage, divisibilité, universalité, sécurité et fiabilité.
9. M. Cabrillac, Monétique et droit du paiement, Mélanges de
Juglart, LGDJ 1986, p.83.
10. SET Secure Electronic Transaction Specification, Book 1: Business
Description, Version 1.0, May 31, 1997.
11. voir http://www.cybercash.com.
12. voir http://www.rambit.qc.ca/plamondon/netchex.htm.
13. pour plus dinformations sur le système Mondex voir Felix
Stalder, Andrew Clement, Electronic Money : Preparing the Stage, June 1997, Op.
Cit.
14. La société Kleline propose aujourdhui un porte-monnaie
virtuel permettant deffectuer des paiements dun très faible montant (1 franc
français). De même, la société CyberCash propose maintenant ses Cybercoins pour
effectuer des micropaiments de 25 cents à 10 dollars américains.
15. sur ces questions voir : Valérie
Sédallian, Droit de lInternet, Op.Cit. , pp. 225-232 ; Jérôme
Huet, " Aspect juridiques du commerce électronique : approche
internationale ", Op. Cit. ; Pierre Trudel (dir.), France
Abran, Karim Benyekhlef, et Sophie Hein, Droit du cyberespace, Op. Cit.,
Chapitre 19, pp. 41-42 ; Lionel Costes, " transactions en ligne, paiement
électronique, galerie marchandes virtuelles
" ; Rapport du CNCT,
" Problèmes juridiques liés à la dématérialisation des moyens de paiement
et de titres ", Bulletin dactualité du Lamy droit de
linformatique, novembre 1997, pp. 15-16. |