Résumé
Longtemps délaissée par la doctrine, la question
de la nature juridique des exceptions au droit exclusif de l'auteur
est aujourd'hui fondamentale. Ces exceptions font-elles naître
des droits au profit des utilisateurs, ou ne s'agit-il que de
simples tolérances consenties à ces derniers ?
L'auteur peut-il venir limiter, techniquement et/ou contractuellement,
l'exercice des exceptions au droit exclusif ?
Les
enjeux sont considérables : en atteste les efforts déployés
par les industriels pour contrôler l'utilisation des uvre
sur les réseaux numériques. Si l'article L.122-6-1.II
du Code de la propriété intellectuelle et la jurisprudence
qualifient de droit l'exception de copie de sauvegarde prévue
en matière de logiciels, la question reste ouverte concernant
les exceptions de l'actuel article L.122-5 du CPI (parodie,
copie privée, citation...).
La
doctrine majoritaire considère classiquement qu'il ne
s'agit que de simples tolérances, dont l'exercice peut
en conséquence être interdit par l'auteur. A l'inverse
nous proposons de distinguer les exceptions fondées sur
des libertés fondamentales (exceptions impératives)
des exceptions fondées sur "l'absence de préjudice
économique causé aux intérêts des
auteurs" (exceptions interprétatives).
La
nouvelle directive sur la société de l'information
du 9 avril 2001 tranche expressément la question. La
majorité des exceptions qu'elle prévoit sera totalement
aménageable par la volonté de l'auteur, par le
truchement de protections techniques. Certaines exceptions devront
voir leur exercice garanti aux utilisateurs, faisant naître
des "quasi droits" au profit de ces derniers. Elles
seront toutefois partiellement aménageables par l'auteur,
lui permettant ainsi de fixer la compensation qu'il estime équitable
en contrepartie de l'utilisation de son uvre.
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