En un clin d'oeil, la moindre entreprise peut
soffrire laudience de milliers dinternautes. Par quel moyen ? Le
spam tout simplement. Un procédé qui consiste à diffuser un message publicitaire par la
voie du courrier électronique. Plus besoin de papiers ni de distributeurs, il suffit
dun accès à lInternet. Malheureusement, ce procédé seffectue au
détriment des utilisateurs. Lenvoi massif demail congestionne le réseau et
augmente nos délais de connexion. Arnaques financières ou promotions de sites
commerciaux, les spams sont trop souvent le produit dannonceurs sans scrupules. Le
mot " spam " a dailleurs reçu la traduction de
" polluriel " par l'Office Québécois de la Langue Française. Terme
significatif !
Jusquà présent, seuls
quelques Etats américains se sont dotés dune législation spécifique visant à
réglementer les courriers électroniques non-sollicités. Cest maintenant au niveau
fédéral que les Etats-Unis ont décidé dagir. Aprement discutée auprès des
élus américains, la proposition de loi du Représentant W. J. Tauzin a suscité de vives
réactions. Contrairement aux attentes de la communauté des internautes, le projet
ninterdit pas le spamming. Il oblige simplement les auteurs des polluriels à
inscrire certaines mentions permettant leur identification. Les annonceurs devront
également permettre aux internautes de se retirer facilement de leur liste de diffusion
(principe du " opt-out "). Rien de plus. Dès lannonce de
la séance parlementaire, les mécontentements ont fusé sous forme de
spam !
La boite aux lettres officielle du gouvernement a littéralement explosée sous
laffluence des courriers électroniques.
Spécialiste de la
réglementation du spamming à lUniversité de Montréal, Eric Labbé nous explique
les déficiences du projet américain. " Le polluriel pose deux catégories
de problèmes. Il ne sagit pas seulement de combattre le contenu frauduleux des
courriers publicitaires. Le spam constitue un abus en-soi. Or, le projet actuellement en
discussion ne réglemente que le contenu. Les problèmes de congestion ne sont toujours
pas résolus. " En conséquence, le coût publicitaire évalué en
frais de connexion resterait à la charge des internautes. Noublions pas non-plus
leffort déployé par les fournisseurs daccès. La proposition de loi
compromet leur propre mesures anti-spam pour lesquels de fortes sommes ont déjà été
investies.
On voit mal lutilité de
linitiative américaine. De même quen France, des lois dordre plus
générales permettaient déjà de combattre les contenus abusifs. Mais il y a plus grave.
Ladoption de la proposition de loi aura pour effet de légitimer la pratique des
polluriels. Eric Labbé appréhende cette situation : " Jusqualors,
le spamming était lapanage des petites entreprises. Le fait de ne pas le prohiber
purement et simplement risque dinciter les grandes sociétés à
ladopter. "
Cest sans doute pour ces
raisons que la campagne CAUCE (Campagne contre les courriers électroniques
non-sollicités) soutien la proposition du Représentant C. Smith en discussion depuis
1997. Le Netizens Protection Act prévoit linterdiction des polluriels, à
moins quils naient été acceptés par linternaute au cours de ses
pérégrinations sur le web (principe du " opt-in ").
Ladoption dune telle loi aux Etats-Unis donnerait un peu dair frais dans
le Cyberespace.
L. T.
Liens :
La Campagne CAUCE (en anglais)
Voir également sur Juriscom.net :
Spamming et législation
américaine : vers un projet fédéral décisif, de Eric Labbé.