Nous vivons une époque
formidable ! A lère du tout numérique, les créations
" immatérielles " peuvent être reproduites de milliers de fois sans
perdre une once de qualité. Les internautes le savent bien. Ils nhésitent que
très rarement à sapproprier et à redistribuer une image, un fichier sonore, un
programme, ou encore le contenu dun site web. De telles actions heurtent cependant
les principes définis par les droits dauteur.
En France, larticle L. 122-4 du Code de
propriété intellectuelle stipule précisément que " toute représentation
ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses
ayants droit ou ayants cause est illicite ". Cette disposition a déjà
été appliquée par les tribunaux pour la reproduction du contenu dun CD-Rom et
dun site web. Un coup de chance pour les ayants droits ! Car il est bien
difficile de prouver la paternité dune uvre clonée à la perfection. En
outre, les auteurs nont pas toujours loccasion de repérer les copies
litigieuses dispersées sur le réseau. Pas daffolement
la technique vole à
leur secours.
La société " Digimarc " propose
ainsi de parfaire la protection juridique des images numériques. Son logiciel leur
greffera un tatouage sur lequel figure les noms des titulaires des droits, le contenu
général de luvre, ses utilisations possibles et sa destination. A priori
invisible, le marquage peut être visualisé au travers dun second logiciel
distribué gratuitement. Lorsque le tatouage contient des fichiers exécutables, le
document marqué interagit avec lenvironnement informatique dans lequel il se
trouve. Dans ce cas, limage peut être suivie ou contrôlée à distance. Mais la
greffe est bien fragile. Une petite conversion du format jpg en gif, et le marquage
disparaît
De son côté, le système IDDN (Identification des
uvres numériques) propose aux propriétaires de pages web dattribuer à
chacune de leurs créations un numéro didentification international géré par
lorganisme Interdeposit. Un certificat denregistrement sera ensuite créé. Ce
dernier pourra être consulté par les internautes en cliquant sur le logo IDDN apposé
sur les pages du site. Le certificat annonce notamment les conditions dexploitation
imposées par le titulaire des droits. Tout en incitant les usagers au respect de la loi,
lIDDN permet à lauteur de revendiquer un droit sur une création originale.
Pour rassurer les utilisateurs, précisons que ces
procédés nont pas vocation à renforcer le cadre légal. Selon larticle L
122-5 CPI, lauteur ne pourra jamais interdire de lui-même les reproductions
réservées à l'usage privé de linternaute et non destinées à une utilisation
collective. Les techniques répertoriées facilitent simplement la preuve de la
violation des droits dauteur.
Alors, la technologie deviendrait-elle à nouveau
lami du droit ? Rien nest moins sûr. La recherche automatisée des
contrefacteurs à la " Digimarc " laisse plutôt un mauvais goût. Un
espion électronique dissimulé derrière les images de la toile
nest-ce pas
une menace au droit à la vie privée ?
L.T.
Liens :
Digimarc
Iddn
Dossier sur la protection des uvres numériques