Rubrique : internautes / le droit
pour tous
Mots clés : bases, banques, données, directive, extraction, contrefaçon
Citation : Lionel THOUMYRE, "Données sans reprendre", Juriscom.net,
février 2000
Première publication : Netsurf, n°46, janvier 2000
Données sans reprendreLe 1er juillet 1998, le législateur français
transposait la Directive européenne relative à la protection des bases de données. Les
dispositions de la nouvelle loi sont maintenant discutées sur le terrain du cyberespace.
Lionel Thoumyre
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Á première
vue, il nest guère concevable quune personne puisse détenir un droit de
propriété sur une donnée brute ou une information publique. Celles-ci
nappartiennent-elles pas à tout un chacun ? Fort de cette supposition, de
nombreux webmasters reproduisent ici et là des listes de liens hypertextes, des
carnets dadresses ou encore des nouvelles du jour. Méfiance
car, au risque
den décevoir plus dun, ces données ne sont pas toujours libres de droit.
Tout dépend de la manière dont on se les procure.
Rappelons que, depuis lentrée en
vigueur de la loi du 1er juillet 1998, le producteur dune base de
données bénéficie dune protection dite sui generis
sur les informations quelle contient. Á ce titre, il a le droit den interdire
lextraction et/ou la réutilisation dune partie substantielle. Mieux vaut,
dans ce cas, lui demander une autorisation spéciale avant de piller son ouvrage. Sans
doute les sociétés MA Éditions et Iliad ont-elles volontairement
oublié cette étape en constituant leurs annuaires à partir des données disponibles sur
le 36-11 du Minitel. Un oubli qui coûte cher, puisque le Tribunal de commerce de Paris
les a condamnées, le 18 juin 1999, à 100 millions de francs de dommages et
intérêts au profit de France Télécom !
Fort heureusement, la protection accordée
aux bases de données nest pas systématique. Elle ne jouera que si leurs contenus
témoignent, aux termes de larticle L. 341-1 du Code de la propriété
intellectuelle, dun investissement financier, matériel ou humain
substantiel , tant dans leur constitution que dans leur présentation. Le
respect de cette condition a récemment été débattue au cours dune affaire
opposant deux sociétés spécialisées dans la diffusion dinformations
financières. PRLine reprochait ainsi à Newsinvest de reprendre à son
compte un certain nombre de communiqués de presse publics que la première société
diffusait à partir de son site web. Certes, PRLine ne prétendait nullement
posséder un droit de propriété sur ces informations. Mais des agents de lAPP
(Agence de la Protection des Programme) ont réussi à établir que Newsinvest les avait
directement extraites du site de la société demanderesse. Nétait-ce pas là une
belle occasion dappliquer les dispositions de la nouvelle loi sur la protection des
bases de données ? Assignée en référé, Newsinvest conteste néanmoins
les prétentions de PRLine en soulignant que le coût de constitution de sa
prétendue base de donnée
provient simplement du coût de numérisation de ces données, bien trop faible pour
satisfaire au critère de linvestissement financier substantiel. La contestation ayant été jugée sérieuse, le magistrat
préfère renvoyer les parties vers les juges du fond. Lhistoire sarrête à
cette simple ordonnance, délivrée un 4 octobre 1999. Lavocat de PRLine,
Maître Nicolas Courtier, nous confie à ce propos qu il
na pas été nécessaire de donner une suite au fond à cette procédure, le but
principal ayant été atteint : Newsinvest a cessé toute reprise des communiqués
diffusés par PRLine.
L.T.
Liens
:
Affaire
Newsinvest
Analyse de laffaire Newsinvest
Résumé de l'affaire France Télécom
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