Vente sur Internet : une nouvelle vague jurisprudentielle
30 mai 1999
"On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir
soi-même
car elle est un point de vue sur les choses" (Marcel Proust). Ce point
de vue sur les choses sest illustré dans deux décisions récentes dans lesquelles
deux grandes entreprises supranationales croyaient pouvoir modifier des accords passés
parce quelles avaient omis de prévoir la commercialisation de leurs produits via
Internet.
La première décision, TC Pontoise 15 avril 1999 (Laboratoires Pierre Fabre
/Breckler),
émane du juge des usages du commerce, la seconde, TGI Bordeaux 12 mai 1999 (Norwich
Union/Peytureau), du juge de
lévidence. Dans la première, fort judicieusement, le Président du Tribunal de
commerce de Pontoise a estimé que même si le contrat ne prévoit pas expressément la
commercialisation en ligne de produits, cette modalité récente doit être considérée
comme sajoutant aux moyens traditionnels de vente. Le message est explicite,
désormais, toute entreprise voulant exclure expressément la vente de ses produits sur
Internet devra prévoir cette exclusion dans le cadre davenants ou de nouveaux
contrats. Les rapports de force ne sont pas le droit.
Dans la seconde affaire, le Président du Tribunal de grande instance a
considéré quun agent dassurance, normalement habilité, nest pas à
lorigine de confusion puisque le site Internet quil avait mis en ligne à ses
propres frais faisait la promotion des produits de sa compagnie pour en développer les
ventes. Le juge a également considéré que le consommateur, même sur Internet, doit
être considéré comme normalement attentif et intelligent. Il a donc fort justement
déduit quen lespèce il ny a ni concurrence déloyale ni parasitisme à
déplorer, labsence de préjudice étant évidente. Les motivations de ces deux
décisions, reproduites ci-après sont exemplaires et force est donc de constater que dans
cette conjoncture, "le point de vue sur les choses" des juges rappelle que les
nouvelles technologies ne sont ni un espace de non droit ni un espace à labri de
leur sagesse et quen tout état de cause, la logique technologique ne saurait
égarer la logique juridique.
Gérard HAAS
Responsabilité des prestataires techniques : adoption des
amendements Bloche par l'Assemblée Nationale
29 mai 1999
Les amendements Bloche concernant la responsabilité des prestataires
techniques ont été adoptés le 27 mai 1999 :
"Art 43-6-1 : Les personnes physiques ou morales dont
lactivité est doffrir un accès à des services en ligne autres que de
correspondance privée sont tenues de proposer un moyen technique permettant de
restreindre laccès à certains services ou de les selectionner.
Art 43-6-2 : Les personnes physiques ou morales qui assurent,
directement ou indirectement, à titre gratuit ou onéreux, laccès à des services
en ligne autres que de correspondance privée ou le stockage pour mise à disposition du
public de signaux, décrits, dimages, de sons ou de messages de toute nature
accessibles par ces services ne sont responsables des atteintes aux droits des tiers
résultant de ces services que :
- si elles ont elles-mêmes contribué à la création ou à la
production de ce contenu ;
- ou si, ayant été saisies par une autorité judiciaire, elles
nont pas agit promptement pour empêcher laccès à ce contenu, sous réserve
quelles en assurent directement le stockage.
Art 43-6-3 : Les personnes mentionnées à larticle 43-6-2
sont tenues, sous réserve quelles en assurent directement le stockage et
lorsquelles sont saisies par une autorité judiciaire, de lui transmettre les
éléments didentification fournis par la personne ayant procédé à la création
ou à la production du message ainsi que les éléments techniques en leur possession de
nature à leur permettre de localiser leur émission."
En attendant lexamen par les sénateurs.
Y. D.
Droit des marques et noms de domaines : deux nouvelles
décisions
8 mai 1999
- Affaire Radio-France, TGI Paris, jugement du 27 avril 1999
disponible sur Juriscom.net.
- Affaire Miam Miam, TGI Paris, ordonnance de référé du 19
avril 1999 disponible sur Legalis.net.
L.T.
Un journal dédié au bug
27 avril 1999
Naissance d'un bimensuel dénommé LE BOGUE LEGAL destiné à
fournir tous les outils pour parer au passage à l'an 2000. Dans le comité de rédaction
on retiendra les meilleurs spécialistes du moment sur l'an 2000 tels que les avocats
C.Feral-Schul et O. Iteanu ou encore H.Bitan expert informatique agrée par la Cour de
Cassation, ainsi que des professionnels de différents secteurs d'activité.
Pour tout renseignement E-mail : lebogue.legal@global.total et au Tel/Fax
01 42 04 19
A.M.
Rétribution des journalistes pour la mise en ligne de leurs
articles : le procès du Figaro
25 avril 1999
La première chambre du Tribunal de grande instance de Paris a rendu,
le 14 avril dernier, une décision
sur une affaire sensiblement similaire à celle des DNA.
Les magistrats ont conclu que toute reproduction «sur un nouveau support résultant
de la technologie récente» (à savoir le Minitel, Internet, et sur CD-ROM)
nécessite une nouvelle rétribution des journalistes.
Pour plus d'informations sur cette affaire voir :
- sur Multimedium : "Le syndicat
des journalistes poursuit le Figaro" (précédents de l'affaire) ;
- sur ZDNet : "Le Figaro en ligne
suspendu à la question des droits d'auteur" (précédents de l'affaire) ;
- sur le site de Libération : "Tout
article mis en ligne doit être payé" (sur le jugement du TGI Paris).
Voir également sur notre page d'actualité : "Québec : Des journalistes revendiquent le respect de
leurs droits dauteur".
Le texte de la décision du 14 avril est disponible sur Juriscom.net.
L.T.
MP3 : Louise Attaque porte plainte
24 avril 1999
Les producteurs du groupe Louise Attaque ont porté plainte contre un
étudiant et quatre hébergeurs (Multimania, Le Village, Tripod
et Geocities) pour le piratage de ses musiques sur fichier MP3.
Pour plus d'informations voir :
- sur Libération : "Louise contre-attaque" ;
- sur Le Village : "Louise Attaque :
dialogue et ouverture mais...".
L.T.
Alice : jugement sur le fond
24 avril 1999
A propos d'un conflit relatif au nom de domaine http://www.alice.fr,
l'affaire Alice avait déjà été jugée en urgence. Une première décision du
TGI Paris concluait à l'existence d'une contrefaçon. Par la suite, cette ordonnance a
été infirmée par un arrêt de la Cour d'appel de Paris en décembre 1998.
Le TGI Paris a maintenant rendu son verdict sur fond (en date du 23
mars 1999). Le texte du jugement est disponible sur Juriscom.net à l'adresse suivante : http://www.juriscom.net/jurisfr/alice-fond.htm.
Pour connaître les précédents de l'affaire voir :
- sur Juriscom.net : "Commentaires sur
l'affaire "Alice"" (Commentaire de Yann Dietrich sur l'affaire jugée
en référé le 12 mars 1998) ;
- sur Juriscom.net :"Alice hors de
l'évidence" (Commentaire de Yann Dietrich sur l'arrêt infirmatif de la Cour
d'appel de Paris rendue en décembre 1998).
L.T.
Petite nouveauté sur laffaire Altern B
23 avril 1999
Un accord a été signé entre Valentin Lacambre et Estelle Hallyday le
17 avril. Le mannequin a accepté de baisser à 70 000 Francs la somme que devait lui
verser Valentin (initialement de 4 05 000
Francs).
Pour plus dinformations voir :
- sur ZDNet : " Altern B : un accord
à lamiable avec Estelle Halyday
" ;
- sur Multimedium : " La leçon Altern ne porte
toujours pas : on tire toujours le messager ".
Pour des précisions sur
lensemble de laffaire voir :
- sur le site de La défaite de lInternet : récapitulation
de laffaire ;
- sur Juriscom.net : " Les hébergeurs dans les filets de la
justice " ;
- sur Juriscom.net : " Le mannequin et lhébergeur ".
L.T.
Bogue de l'an 2000 : les revendeurs passibles de sanction
22 avril 1999
Marylise LEBRANCHU, secrétaire d'Etat aux PME et au Commerce,
vient de déclarer que les vendeurs français de matériel informatique non réglé pour
éviter le bogue de l'an 2000 seront passibles de délit de tromperie. Ces
poursuites qui seront diligentées par la Direction Générale du Commerce, de la
concurrence et de la répression des Fraudes, pourront toucher tous les produits vendus
" dans les trois ans avant le 1er janvier 2000 ".
A.M.
France Télécom va pouvoir enregistrer les noms de domaines
22 avril 1999
L'enregistrement des noms de domaines dans les classifications
".com", ".org" et ".net" a été élargi à cinq nouvelles
sociétés parmi lesquelles France Télécom. Période d'essai entre 26.04 et 24.06 1999.
A.M.
Copie privée et de sauvegarde : les boutiques de duplication de CD
dans le collimateur des juges
22 avril 1999
Le parquet de valence a transmis au tribunal correctionnel une
plainte pour contrefaçon. Le tribunal devra se prononcer sur l'admission du bénéfice
d'exception pour copie privée concernant les boutiques proposant la duplication de CD
apportés par des clients. La société incriminée, LASERSTORAGE, dont le gérant avait
choisi de faire état de ses talents de pirate dans une émission de TV, voit pour le
moment ses graveurs sous scellés et sous bonne garde
A.M.
La Cour de cassation s'est prononcée sur la responsabilité d'un service
télématique
18 avril 1999
L'arrêt du 8 décembre 1998 de la Cour de cassation est disponible sur Legalis.net.
Voir la brève sur Legalis.net : "Télématique
: La Cour de Cassation favorable à la responsabilité des intermédiaires techniques".
L.T.
Cryptoptologie : les décrets sont disponibles sur Celog
10 avril 1999
Les nouveaux décrets sur la Cryptographie sont disponibles sur le site de
Celog à l'adresse suivante : http://www.celog.fr/silex/tome1/chap_1-3.htm.
L.T.
Sénat : Proposition de Loi du 3 mars 1999 sur la valeur probatoire
du courrier électronique
6 avril 1999
La majorité sénatoriale a déposé devant le bureau du Sénat, le
mois dernier, une proposition de loi (N° 246) visant à reconnaître la valeur
probatoire d'un message électronique et de sa signature.
Les sénateurs ont alors rappelé les enjeux économiques du commerce
électronique tout en y associant les véritables défis juridiques y afférents.
Ils se sont notamment basés sur le rapport du Conseil D'Etat (Etude
adoptée par l'Assemblée plénière du Conseil d'Etat du 02.07.1998) qui
reconnaît la nécessité de commencer par disposer dans le Code Civil d'éléments
intangibles sur lesquels les juges pourront en tout sérénité asseoir une jurisprudence
claire, précise et unitaire.
Les sénateurs ont donc proposé de "reconnaître, dans le
Code Civil, la valeur probatoire d'un message électronique répondant à deux exigences :
l'authentification, par une signature électronique fiable, et la conservation durable du
message sous le contrôle du signataire".
Le sénat souligne enfin limportance d'apporter dés aujourd'hui
une solution aux entreprises plutôt que d'attendre la mise en place dune
codification sur le plan international. Le Sénat salue les initiatives de la CCI de Paris ainsi que son pragmatisme vis
à vis du commerce en ligne.
Le texte de la Proposition de Loi :
Article 1 :
L'article 1334 du Code Civil est complété d'un second alinéa ainsi
rédigé :
"un message électronique possède une valeur probatoire sous
réserve du respect de deux conditions cumulatives : d'une part, que soit possible
l'authentification par une signature électronique fiable; d'autre part, que soit assurée
la conservation du message sous contrôle du signataire ."
Article 2 :
Les juges pourront procéder à toutes les investigations techniques
qu'ils estiment nécessaires pour établir l'authentification de la signature
électronique."
Article 3 :
Les modalités de conservation durable du message électronique seront
quantifiés selon les prescriptions du décret d'application de la présente proposition
de loi.
A.M.
Retour
Québec : Des journalistes
revendiquent le respect de leurs droits dauteur
24 avril 1999
Des journalistes québécois réclament le versement dune
nouvelle rémunération pour la publication de leurs articles sous forme électronique.
Les circonstances ne sont pas inédites. La première affaire du genre remonte à
lannée 1996, où une ordonnance
du Tribunal de 1ère instance de Bruxelles avait interdit à la société Centrale
Station de publier sur le réseau les articles de presse pour lesquels elle
navait pas obtenu le consentement exprès des journalistes. Jugée aux Etats-Unis, laffaire Tasini
sest conclue par le résultat inverse : cette fois-ci, la justice a fait droit
aux sociétés éditrices de publier les articles de leurs pigistes sur CD-ROM sans leur
consentement. Enfin, laffaire DNA, en France, donnera à nouveau raison aux
journalistes placés dans une situation quasiment identique. Pigistes indépendants ou
salariés, les auteurs décrits journalistiques bénéficient donc dune
meilleure protection dans les pays emprunts de la tradition des droits dauteur.
Quen sera-t-il au Canada ou un nouveau conflit émerge
aujourdhui entre des journalistes pigistes, représentés par l'Association des
journalistes indépendants du Québec (AJIQ), et la société CEDROM-SNI ainsi que 14
publications québécoises ? Les faits sont les suivants : les sociétés
déditions, auxquelles seul le droit de première publication a été cédé,
vendent leurs contenus depuis 1990 à la société CEDROM-Sni. Cette dernière redistribue
ensuite les articles sur CD-ROMs et sur le Web depuis 1995. Or, les sociétés éditrices
nétaient pas habilitées à céder les droits de distribution électronique de ces
textes. Cest pourquoi la Fédération nationale des communications (FNC-CSN) et
lAJIQ ont mis en demeure les principaux quotidiens et magazines du Québec ainsi que
CEDROM-SNI de négocier des droits d'utilisation des articles des pigistes.
Nous apprenons enfin sur le site de lAJIQ que
lassociation " a répertorié jusqu'à ce jour près de
15 000 articles de pigistes vendus à CEDROM-SNI sans leur consentement et pour
lesquels elle demandera des dommages et intérêts généraux pour reproductions non
autorisées. Les sommes réclamées pourraient être de plus de 30 millions de dollars,
car la CSN et la FNC demanderont aux tribunaux d'imposer des dommages exemplaires afin que
cette violation constante des droits d'auteurs cesse. "
Pour plus dinformations sur les affaires
précédentes voir :
- sur le site Cyberlex : "Les journalistes
et lInternet" (à propos de laffaire Presse Belge) ;
- sur le site de Le Monde : "La
fronde des cyber-pigistes américain" (les précédents de laffaire Tasini) ;
- sur le site de lUnesco : "Le casse
tête des droits dauteur en ligne" ;
- sur le site de Libération : "En ligne pour les droits dauteurs" ;
- sur Juriscom.net : résumés des
affaires Presse Belge et DNA ;
Pour des informations sur laffaire actuelle voir :
- sur Multimedium : "Droits d'auteurs: CEDROM-SNi
et 14 publications mises en demeure par la CSN".
L.T.
Etats-Unis : Un virus nommé "Melissa"
7 avril 1999
Le CERT (Computer Emergency Response Team) avait annoncé, à la fin du
mois dernier, lapparition dun nouveau virus propagé par courrier
électronique. Melissa appartient à la famille des macrovirus, qui se manifestent habituellement lors de louverture des macros sur un
document Word. Ce virus a la particularité de récupérer les 50 premières adresses email
contenues dans vos carnets dadresses électroniques au format Mapi. Il utilise alors
le logiciel Outlook pour envoyer un fichier Word infecté à vos correspondants.
En cours denquête, le FBI a exigé la fermeture de deux sites
Web appartenant aux auteurs présumés du virus.
Pour en savoir plus voir :
- sur Cyberlex : "Melissa, l'Otan et les trois petits cochons : L'Internet expliqué aux
enfants" ;
- sur Multimédium : "Melissa, le
virus qui se reproduit plus vite que son ombre" ;
- sur le site de Libération : "Les
géniteurs de Melissa repérés grâce à un mouchard de Microsoft" ;
- sur ZDNet : "Virus Melissa : la traque du FBI".
L.T.
Grande-Bretagne : Poursuites contre le moteur de recherche de
fichiers MP3 sur Lycos
1er avril 1999
Un organisme londonien pour la défense des intérêts de l'industrie
du disque, L'IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), a déposé une
plainte contre le moteur de recherche de fichiers MP3 situé sur le portail de la
société norvégienne Lycos.
Pour plus dinformations voir :
- sur ZDNet : "MP3 : l'industrie du
disque s'attaque à Lycos" ;
- sur Legalis.net : "Une
nouvelle étape dans la lutte contre les fichiers musicaux pirates" (brève).
Pour mieux comprendre les enjeux du MP3 voir :
- sur Cyberlex : "Les oeuvres
musicales piratées en libre service sur l'Internet... l'envol de "MP3"" ;
- sur Multimedium :
dossier spécial sur
MP3.
L.T.
Grande-Bretagne : Condamnation d'un fournisseur d'accès
1er avril 1999
Le fournisseur d'accès Demon Internet a été condamné le 26
mars pour la diffusion de messages à caractère diffamatoire dans un groupe de
discussion.
Voir sur le site ZDNet : " Grande-Bretagne : un fournisseur d'accès condamné pour un message
dans un forum".
L.T.
Retour
Signatures électroniques : un nouvel accord
24 avril 1999
Les ministres de l'Union européenne chargés des télécommunications
ont trouvé un accord sur le projet de Directive réglementant les signatures
électroniques. Celui-ci permettrait d'accepter la validité d'une signature
électronique, sous différentes formes, si elle permet notamment d'établir de façon
infaillible l'identification de son auteur.
Le projet doit encore passer en 2ème lecture devant le Parlement
européen.
Voir la brève sur le site de Libération : "Accord au sein de
l'UE sur les signatures électroniques".
L.T.
Retour
Fin du monopole pour l'enregistrement des noms de domaine
24 avril 1999
Pour des informations sur cette actualité, voir :
- sur le site de Libération : "La bataille du
"nom de domaine" a commencé" (brève) ;
- sur ZDNet : "Enregistrement
des noms de domaine : la fin d'un monopole".
L.T.
Retour
Les textes présentés sur cette page
sont inspirés de diverses sources sélectionnées (dépêches AFP/Reuters, articles
de journaux et de revues) mais n'en sont pas la retranscription.
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