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Rubrique : internautes / le droit
pour tous
Selon la chambre d’arbitrage de l'American Arbitration Association (AAA), la société Drug Emporium Inc. aurait violé les contrats de ses franchisés en vendant ses produits sur le site Internet DE.com. Au
cours de l’affaire, Michael Daddy, l'avocat des franchisés, soutenait que la
disponibilité universelle des produits de Drug Emporium Inc., assurée
par la vente en ligne sur le site DE.com,
contrevient à la garantie de non-concurrence établie par la maison mère.
Car, dans ce cas, le client a la possibilité de commander ses produits sur le
site de la maison mère et de se les faire livrer à domicile, plutôt que de se
déplacer jusqu'à la pharmacie du coin. Le franchiseur vient ainsi porter
directement concurrence au franchisé sur le territoire de ce dernier. Maître
Daddy ajoute : « lorsque les franchisés paient des redevances
substantielles afin d’obtenir l’exclusivité commerciale sur un territoire
donné, ils ne s’attendent pas à ce que leur propre franchiseur leur fasse
compétition ». Pour
Drug Emporium Inc., l'interprétation de la notion de « pharmacie » est
au centre du litige. La maison mère considère son site DE.com comme une entreprise virtuelle se distinguant clairement de
la notion classique du magasin. Le commerce électronique s'opérant dans le
« cyberespace », il ne peut y avoir d'empiétement territorial chez
les franchisés. L'AAA
n'a pas retenu ce raisonnement. Au contraire, elle considère la pharmacie
« virtuelle » comme étant tout de même une pharmacie au sens classique
du terme. Elle reprend d’ailleurs les termes de DE.com
qui prétend être une « pharmacie en ligne de plein service » et une
« pharmacie de voisinage depuis vingt ans ». En outre, le site est
enregistrée comme « pharmacie » auprès de la Commission des
valeurs mobilières et d'échange. Le tribunal d'arbitrage conclu donc que Drug
Emporium Inc. agissait de mauvaise foi « en essayant d'établir
sa part du marché en offrant des prix inférieurs à ceux de ses franchisés ». Michael
Dady soutient que ses clients ne sont pas contre les initiatives innovatrices de
Drug Emporium Inc. Les franchisés désirent simplement obtenir une part
des profits effectués sur leurs territoires par l'entremise du commerce électronique.
Selon Me Daddy, « il faut une législation portant sur l'empiétement
territorial par Internet, puisque ce sont les franchisés qui en souffrent le
plus ». Pour
Andrew C. Seldon, avocat chez Briggs et Morgan et ancien président du American
Bar Association Forum on Franchising, l'empiétement par Internet est un
problème majeur auquel doit faire face l'industrie du franchisage. Selon lui,
les contrats de franchise préalables à la venue du commerce électronique
devraient être adaptés à la réalité virtuelle : « la décision
souligne l'importance d'aborder et de résoudre les questions légales du
marketing sur Internet avant qu'un programme de commercialisation soit mis en
application sur le Web ». R.S. Liens : >Sentence
de l'American Arbitral Association, >Commentaire
de la sentence par Maître Pierre-Emmanuel Moyse, Voir également sur Juriscom.net : >Affaire
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